Le dispositif Eco-énergie tertiaire vise à améliorer la performance énergétique et à réduire l’impact environnemental des bureaux et des commerces. Aussi bien les pouvoirs publics que les acteurs privés de l’immobilier s’engagent pour contribuer à atteindre la neutralité carbone en Europe à l’horizon 2050.
La norme RE2020 pour décarboner la filière BTP
Aujourd’hui, les utilisateurs comme les investisseurs institutionnels exigent des bâtiments bas carbone. Dans les immeubles de plus de 1 000 m², la consommation énergétique doit diminuer de 40 % à l’horizon 2030, puis de 50 % d’ici à 2040, pour devenir climatiquement neutre en 2050. En effet, l’immobilier tertiaire chauffé représente 1 milliard de mètres carrés et est à l’origine de 33 % des gaz à effet de serre (GES). Mais les progrès sont lents, les émissions de GES n’ayant diminué que de 4 % entre 1990 et 2015.
Pour accélérer l’atteinte des objectifs ambitieux de la transition énergétique, la future norme RE2020 démocratise le principe de bâtiments à énergie positive (Bepos). Cela passe par un recours plus massif aux énergies vertes.
Certaines entreprises ont pris de l’avance en mettant en œuvre des projets innovants comme :
- la pose de panneaux photovoltaïques basés sur un dispositif de chaleur par géothermie
- la création d’une plateforme informatique baptisée Operat destinée à la collecte des données énergétiques des immeubles et au contrôle des consommations. Ces informations permettent d’améliorer tous les aspects de la gestion des bâtiments : l’exploitation, la maintenance, la rénovation…
La végétalisation gagne également du terrain et s’invite sur les toitures. Grâce à leurs propriétés isolantes, les végétaux permettent de réduire le recours à la climatisation, limitent les îlots de chaleur urbains, et grâce à la rétention des eaux pluviales, minimisent les écoulements susceptibles de polluer. De plus, en créant des espaces naturels en milieu urbain, la verdure offre à la faune un écosystème adapté à son développement.
Des efforts en faveur des matériaux réemplois et biosourcés
Un grand nombre de professionnels issus de différents métiers du BTP (maîtres d’ouvrage, investisseurs, promoteurs, grands utilisateurs) se sont regroupés dans l’initiative ‘Booster du réemploi’ pour la réutilisation des matériaux sur le secteur. En effet, moins de 1 % des 42 millions de tonnes de déchets générées par l’industrie du bâtiment est réemployé sans recyclage ni transformation.
Pourtant, le réemploi serait source de réductions drastiques des déchets, des émissions de CO2 et de la consommation d’eau. Par conséquent, parmi leurs engagements, les signataires du projet Booster du réemploi doivent s’approvisionner en matériaux de réemploi produits par la démolition d’anciens bâtiments pour leurs chantiers.
L’on assiste en parallèle à un essor des matériaux biosourcés peu polluants tels que le bois, le béton « zéro carbone », les alliages, la brique de terre, le chanvre, etc. Mais la faible structuration de ces filières et des stocks disponibles réduit les économies d’échelle potentiellement réalisables sur les coûts de production.
En conséquence, l’immobilier bas carbone reste onéreux. Et même si les labels HPE, BBC ou BBCA facilitent l’obtention d’un financement pour un projet de construction, la révolution verte ne progresse aussi vite que souhaité.
Des dispositifs d’aides publiques pour la rénovation énergétique
S’agissant du tertiaire en particulier, l’accélération de la construction durable est conditionnée à une fiscalité attractive des matériaux polluants ou biosourcés, ainsi qu’à un soutien public aux filières concernées.
Le gouvernement a ainsi mis en place plusieurs dispositifs de financement pour soutenir la transition écologique. En premier lieu, celle-ci bénéficiera du tiers de l’enveloppe de 100 milliards d’euros prévue pour le plan France Relance. 6,7 milliards d’euros seront consacrés à l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments publics et privés, tandis que celle des bâtiments publics se verra attribuer 4 milliards d’euros.
En sus, les TPE/PME bénéficieront de 200 millions d’euros pour réhabiliter leur parc immobilier. Un autre fonds doté d’un budget de 300 millions d’euros se destine à la démarche « Zéro Artificialisation Nette » qui porte sur la valorisation du recyclage des friches et la densification des espaces.
Enfin, 350 millions d’euros d’aides seront alloués aux communes sur une période biennale en vue de la densification des villes.