Alors que la France réfléchit aux hypothèses de mix énergétique à mettre en œuvre d’ici à 2050, l’AIE (Agence internationale de l’énergie) publie les conclusions de son analyse quinquennale concernant la politique énergétique tricolore. Si l’Hexagone est nettement plus vertueux que d’autres pays en termes d’émissions carbonées générées par la production d’électricité, se maintenir à ce niveau très bas représente un défi colossal. Les experts internationaux auteurs de cette « revue en profondeur » préconisent quatre solutions.
Assurer un suivi précis et continu des objectifs
L’AIE critique la lenteur de la transition énergétique dans l’Hexagone. L’accélération de la mise en œuvre de sa stratégie en termes d’efficacité énergétique représente donc un chantier prioritaire requérant un « changement radical ». Elle pointe du doigt l’absence de cadre national de suivi et d’évaluation des avancées et recommande un contrôle plus régulier sous l’égide du Premier ministre. Il s’agit de limiter les dispersions des objectifs et des actions du gouvernement.
En outre, l’ajustement de ses objectifs climatiques est nécessaire afin de se conformer aux dispositions du paquet Fit-for-55 proposé par la Commission européenne. Ce texte impose aux pays membres de l’UE une baisse globale de 55 % des émissions de CO2 d’ici à 2030. S’il est adopté, la France devra diminuer ses propres émissions de 47,5 % au lieu de 40 % comme fixé dans la loi Climat et résilience.
Rassurer les investisseurs privés
L’AIE réclame davantage de stabilité et de souplesse dans les mesures prises afin d’encourager les investissements et déplore ainsi les suppressions et retours successifs des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables. Pour l’agence, les contradictions, atermoiements, longueurs et révisions rétroactives des dispositifs sont à proscrire, car en augmentant le risque et le coût, ils constituent un signal négatif.
Lever les incertitudes sur l’avenir du nucléaire
Pour l’AIE, tout scénario retenu pour le mix électrique de la France après 2035 devra également définir clairement la place du nucléaire. Elle recommande d’élaborer une politique précise concernant l’exploitation ou l’arrêt des réacteurs nucléaires existants, ainsi que le programme de construction et le plan de financement de nouveaux réacteurs sur le territoire hexagonal.
Poursuivre les efforts de décarbonation dans les transports
Face à la poursuite de la hausse des émissions de gaz à effet de serre des transports, l’AIE se montre sceptique quant à l’atteinte des objectifs de leur réduction. Elle salue néanmoins les récentes évolutions, introduites notamment par la loi sur le climat et la résilience votée en 2021. Parmi ses dispositions figure l’arrêt de la commercialisation des voitures peu écologiques dès 2030, à l’instar de nombreux autres pays.
En revanche, l’agence redoute un retard critique pour le segment de l’électrique. Elle soulève entre autres le problème de l’installation des stations de recharge prévue dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Son ambition est d’atteindre 1,2 million de modèles électriques et hybrides rechargeables commercialisés d’ici l’année prochaine et de 4,8 millions d’exemplaires dans 6 ans. La route est encore longue en comparaison avec les 671 000 unités écoulées à la fin du premier semestre 2021.