Le bâtiment est responsable de 44 % de la consommation d’énergie en France, raison pour laquelle il s’agit d’un axe prioritaire de la transition écologique. L’ADEME s’est penché sur les résultats des efforts entrepris en la matière, alors que l’immobilier traverse une crise sans précédent. Sur cette base, elle a dressé un panorama exhaustif des tendances du secteur.
Un contexte en mutation influencé par de multiples crises
Après la pandémie de Covid-19, l’ADEME a voulu connaitre les changements dans les modes d’occupation par les Français des logements, bureaux et espaces de vie. Or, entretemps sont venus s’ajouter la crise énergétique consécutive au conflit russo-ukrainien, ainsi que le net ralentissement sur le marché de la pierre.
En conséquence, l’Agence a privilégié une analyse plus complète. Afin d’atteindre ses objectifs, elle a collaboré avec une multitude d’acteurs impliqués dans la rénovation énergétique, allant des particuliers aux collectivités territoriales et services publics concernés, en passant par les professionnels de l’immobilier, et les organismes de financement comme les banques.
Parmi les principaux enseignements tirés, il apparait que l’exode urbain redouté après les confinements n’a pas eu lieu. Seules quelques zones comme la Bretagne et le Pays basque ont connu un afflux de citadins, phénomène qui a fait bondir le prix dans des territoires affichant historiquement une faible densité de population.
L’étude met également en lumière l’influence croissante du DPE dans les décisions des acquéreurs. Encouragés par les aides financières publiques, les particuliers sont de plus en plus nombreux à avoir effectué des travaux dans leur logement, où ils passent davantage de temps. 43 % du parc a fait l’objet d’une rénovation, et ce taux atteint 57 % dans le cas des propriétaires occupants. Il semble que la volonté d’alléger la dépense énergétique l’ait emporté sur les difficultés économiques dues à un contexte incertain.
Les défis à relever pour tenir les objectifs de la transition
En dépit de ces avancées, de nombreux défis attendent la filière du bâtiment dans sa transition écologique. D’une part, elle a un urgent besoin de personnes qualifiées. La mise en œuvre des mesures prévues par le plan « Fit for 55 », visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, nécessitera la création de 200 000 emplois supplémentaires dans l’Union européenne.
L’étude révèle une accélération significative de l’autoconsommation énergétique, particulièrement dans le secteur résidentiel. En effet, 150 000 nouvelles installations photovoltaïques ont été réalisées au cours du semestre suivant la fin de la crise sanitaire, soit une croissance de 50 % par rapport aux chiffres de la période 2016-2020.
Par ailleurs, face aux mutations de la société, la flexibilité des bâtiments est devenue un enjeu majeur. La question de la réversibilité des bâtiments, qui désigne leur capacité à changer de fonction, s’impose en matière d’aménagement du territoire. La conversion de bureaux en habitations, en particulier, est indispensable pour répondre aux nouveaux besoins et modes de vie.
En revanche, l’Ademe met en garde contre une tendance qui pourrait freiner la transition écologique du bâtiment : la croissance du nombre de résidences secondaires. Favorisée par le développement du télétravail, cette tendance soulève des inquiétudes. En effet, une grande partie de ces propriétés vendues pendant la pandémie sont souvent anciennes et peu performantes sur le plan énergétique, car nécessitant un chauffage important. De plus, les déplacements entre les deux logements engendrent des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires.
En s’appuyant sur les conclusions de son évaluation, l’ADEME a établi une liste de recommandations pour accompagner la transformation du secteur du bâtiment vers un modèle plus durable. Les décideurs publics et privés peuvent s’y référer pour mener leur réflexion.