En votant la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), l’Assemblée nationale met fin à une politique pourtant bien engagée dans certaines métropoles. Paris et Lyon, deux villes particulièrement concernées par les enjeux de pollution, semblent avoir obtenu des résultats probants depuis le lancement du dispositif. Ces exemples remettent en cause cette décision.
Des améliorations visibles dans les grandes métropoles françaisesDémarche RSE diagnostic
Instaurées en 2019 puis élargies deux ans plus tard, les ZFE visaient à restreindre la circulation des véhicules les plus polluants afin de réduire les émissions de particules fines et de dioxyde d’azote, très nocives pour la santé. Dans les agglomérations où le dispositif a été appliqué, les effets mesurés sont loin d’être négligeables.
En Île-de-France, Airparif a constaté un recul de 32 % des émissions de PM2,5 issues du trafic routier entre 2017 et 2023. L’introduction de la ZFE de la métropole du Grand Paris expliquerait environ 3 points de la baisse globale. De même, les oxydes d’azote ont chuté de 42 % sur la même période, dont 6 points imputés à la ZFE.
D’autres initiatives menées en parallèle des restrictions de circulation ont participé à ces améliorations. L’organisme cite ainsi le renouvellement du parc automobile et le raccourcissement des trajets effectués.
Dans les 77 communes du Grand Paris, les interdictions se sont progressivement étendues aux véhicules classés Crit’Air 3 ou plus. Depuis le 1er janvier 2025, ces derniers n’ont plus accès au périmètre délimité par l’A86. Cette extension devait permettre une réduction additionnelle de 14 % des émissions de NOx liées à la circulation, et de 13 % pour les particules fines. Une décrue de 40 % de la proportion de Franciliens exposés à des niveaux dépassant les seuils réglementaires de pollution est par conséquent attendue.
Une amélioration notable de la qualité de l’air à Lyon
À Lyon, la ZFE a été instaurée dès 2020 dans cinq communes de la métropole, dans un contexte de qualité de l’air jugée préoccupante. Près d’un quart des véhicules en circulation étaient initialement visés par les restrictions sur le territoire. Depuis le lancement du dispositif, les émissions d’oxydes d’azote et de particules fines ont diminué de 22 % et de 11 % respectivement, selon l’observatoire Atmo. Ces progrès résultent d’une combinaison de mesures incluant aussi l’amélioration des transports publics et les actions sur le chauffage urbain.
La perspective d’exclure les véhicules Crit’Air 3 laissait espérer une baisse supplémentaire de 17 % des émissions d’oxyde d’azote. Ces efforts ont permis à l’agglomération de passer pour la première fois sous les seuils de pollution de l’air fixés par Bruxelles. Pour les responsables locaux, la ZFE a initié une dynamique qui a entraîné la modernisation du parc automobile et encouragé des pratiques de mobilité plus durables.
Une pollution persistante aux conséquences sanitaires lourdes
En dépit de ces avancées, les effets de la pollution de l’air dans l’Hexagone restent alarmants. Santé publique France estime à 40 000 le nombre de décès annuels liés aux particules fines, et à 7 000 ceux provoqués par le dioxyde d’azote, principalement rejeté par les véhicules roulant au diesel. Ces éléments sont en outre responsables de 12 % à 20 % des nouvelles maladies respiratoires infantiles et pédiatriques, et de 7 % à 13 % des pathologies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques apparaissant au sein de la population adulte.
Dans la métropole lyonnaise, les données sanitaires compilées entre 2015 et 2017 font état d’environ 531 décès prématurés chaque année, en raison de la mauvaise qualité de l’air. Celle-ci est également à l’origine de 65 cas de cancer du poumon diagnostiqués, et de 19 nouveau-nés présentant un faible poids. Plus largement, 5,3 % des habitants perdent la vie chaque année à cause des émissions de dioxyde d’azote liées au trafic routier sur le territoire.
Fortes de ces résultats, les collectivités plaident pour le maintien de ces zones considérées comme un outil essentiel pour lutter contre la pollution atmosphérique et ses conséquences sanitaires. Le débat reste ainsi ouvert sur la manière de concilier impératifs écologiques, justice sociale et liberté de déplacement.