Avec 650 000 entreprises de toutes tailles, plus de deux millions d’employés et 11 % du PIB français, le BTP est un secteur économique clé. Malheureusement, on lui reproche également d’être l’un des plus polluants. Durement touché par la crise, il doit aujourd’hui se réinventer en misant sur l’écologie, le numérique et la formation.
Un secteur essentiel pour l’économie, mais très polluant
D’après KPMG, la filière bâtiment a perdu 15 % de son chiffre d’affaires en 2020 à cause des diverses restrictions liées au contexte sanitaire. Sans mesures urgentes, la Fédération française du bâtiment (FFB) annonce d’ailleurs une menace sur 120 000 emplois. Pour se redresser après ce repli marqué, le BTP va miser sur la transition écologique.
En effet, il est identifié comme l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) du pays, derrière les transports, l’agriculture et le résidentiel tertiaire, et à égalité avec l’industrie manufacturière. Il devance même l’énergie et les déchets au classement établi par le CITEPA (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique).
En conséquence, le bâtiment a un rôle crucial à jouer dans la transition écologique, que l’Exécutif veut utiliser comme un levier pour la relance nationale. 30 milliards d’euros sont d’ailleurs alloués au combat contre le changement climatique et la protection de la biodiversité.
Des progrès dans la réduction de l’impact carbone du secteur BTP
La transition verte du bâtiment a déjà commencé, par le recyclage des déchets. L’Ademe indiquait qu’en 2016, 69 % du volume total de déchets générés sur l’ensemble du territoire était attribués à la construction. 93 % des 224 millions de tonnes de déchets produits par le secteur étant inertes, ils devaient être valorisés.
Le respect des dispositions de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a porté ses fruits. L’an dernier, le bâtiment a recyclé ou réemployé 80 % de déchets, dépassant ainsi l’objectif de 70 % fixé par l’Union européenne pour 2020. Grâce à ce retraitement, 28 % de la demande en granulats du pays est couverte. La filière des carrières et des matériaux de construction s’engage sur 90 % de recyclage à l’horizon 2025.
Les efforts se poursuivent en parallèle pour réduire l’empreinte carbone du ciment. La production mondiale annuelle du matériau de construction le plus utilisé de 4 milliards de tonnes est à l’origine de 8 % des émissions de GES.
Le numérique et la formation, moteurs de la transformation de la filière
Le digital occupe une place grandissante dans l’évolution de la filière. Après les matériaux et les procédés, l’écosystème de la « Constructech », qui réunit startups et grands groupes, multiplie les innovations dans 5 domaines majeurs :
- l’expérience utilisateur,
- la sécurité,
- la productivité,
- le bâtiment durable,
- les villes du futur.
Enfin, la formation constitue un autre volet essentiel, le BTP étant pénalisé par une pénurie de main-d’œuvre qualifiée alors que les experts tablent sur 200 000 recrutements dans les années à venir. L’un des principaux défis est de promouvoir les métiers des travaux publics auprès des jeunes et attirer les talents. Le lancement de la plateforme de ressources en ligne tp.demain par la FNTP s’inscrit dans cette optique.
Ses contenus s’adressent aux 114 000 personnes inscrites chaque année à une formation dans ce domaine, mais aussi aux formateurs, aux entreprises de la filière et leurs salariés. La maquette numérique BIM, les technologies vertes ou encore le recyclage font partie des thématiques abordées afin de répondre aux nouveaux besoins en compétences créés par la transition écologique. Encore faut-il que l’activité reprenne effectivement en 2021.