Le bâtiment est l’un des secteurs les plus polluants et les plus énergivores en France, car il représente 44 % de la consommation énergétique totale. Afin de réduire l’impact environnemental du parc immobilier, de plus en plus d’acteurs du BTP recourent aux matériaux biosourcés, qui ont la capacité de stocker du CO2 sur de longues périodes. En plus de participer à la transition énergétique, et de favoriser l’économie circulaire, ces matériaux améliorent le confort des éventuels/futurs occupants des lieux. Toutefois, leur usage reste à développer.
Les propriétés des matériaux biosourcés pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments
Les matériaux sont dits « biosourcés » lorsqu’ils proviennent de la matière organique renouvelable (biomasse), qu’elle soit d’origine végétale ou animale. Celles-ci sont multiples : bois, céréales et riz, chanvre, chaume, colza, laine de mouton, liège, lin, paille, roseau, etc.
- Leur principal avantage par rapport aux matériaux conventionnels est leur capacité à capter le carbone contenu dans la basse atmosphère et à le stocker pendant des dizaines d’années. Ils évitent ainsi de déstocker le CO2 que les sols renferment depuis des millions d’années.
- De plus, étant biodégradables, ils contribuent à la régénération des sols s’ils reviennent à la terre, ou sont transformés en énergie verte s’ils sont utilisés pour la production de biogaz.
Les matériaux biosourcés représentent donc un levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, conformément aux engagements de la France. Ils compensent les 3,2 Gt d’émissions de gaz à effet de serre (GES) générés par la production des matériaux destinés à la construction de bâtiments, notamment le ciment, l’acier, l’aluminium, le verre, ainsi que les isolants. Et cela sans compter que la demande augmente.
Les matériaux biosourcés se présentent aujourd’hui sous une diversité de formes :
- béton,
- briques,
- enduits et colles,
- lattes,
- mortier,
- panneaux de bois,
- poteaux,
- poutres,
- rouleaux de laine
- etc.
Et ils répondent à des applications variées :
- structure,
- cloisonnement,
- revêtement,
- bardage,
- charpente,
- finitions intérieures,
- isolation
- etc.
Leurs caractéristiques techniques n’ont rien à envier aux matériaux traditionnels en termes d’absorption acoustique, de confort hygrométrique, d’isolation thermique,de régulation hydrique, etc.
Ces propriétés sont notamment synonymes d’insonorisation et de meilleure régulation des variations de température extérieure, diminuant les besoins en chauffage et refroidissement à l’intérieur des bâtiments.
Les leviers pour accroître l’usage des matériaux biosourcés
Or, les matériaux biosourcés ne représentent aujourd’hui que 12 % des matériaux utilisés dans la construction. Ils souffrent entre autres des idées reçues des exploitants et des usagers concernant leurs propriétés. En raison de leur origine animale ou végétale, beaucoup redoutent le développement des champignons et des nuisibles, ou encore une faible protection ignifuge. Les normes, labels et dispositions légales restent également méconnus.
La législation a donc un rôle essentiel à jouer pour encourager leur usage et accélérer la décarbonation du bâtiment. Depuis le 1er janvier 2022, avec l’entrée en vigueur de la Réglementation environnementale 2020 (RE2020), qui introduit un critère de performance carbone, les matériaux biosourcés gagnent en importance.
Cependant, la RE2020 concerne uniquement le segment du neuf. Le volet de la rénovation est oublié, alors que l’existant constitue la plus grande part du patrimoine immobilier français, dont il faut minimiser l’empreinte carbone. Le cadre réglementaire doit ainsi évoluer afin d’élargir le champ d’application de ces matériaux innovants et écologiques.
Dernier défi : compenser la biomasse extraite par la production afin de préserver le bilan carbone positif de la filière. Dans le cas du bois, par exemple, la sylviculture dispose d’une surface suffisante pour satisfaire la demande sans exercer de pression sur le foncier.