Parmi tous les secteurs économiques en France, la filière bâtiment est le plus énergivore et l’un des principaux polluants en générant 17 % des gaz à effet de serre (GES). La rénovation énergétique des bâtiments et l’éradication des passoires thermiques sont ainsi essentielles dans la lutte contre le dérèglement climatique et l’atteinte des objectifs de neutralité carbone d’ici 2050.
Accroître la performance énergétique de tous les types de bâtiments
D’ici 2030, la France doit réduire de 40 % et 30 % respectivement ses émissions de GES et sa consommation d’énergies fossiles. L’une des mesures décidées pour accélérer la transition écologique est la mise en conformité du parc immobilier aux normes BBC (« bâtiment basse consommation ») en termes d’efficacité au plus tard en 2050. À cet effet, la réglementation thermique des bâtiments existants (RT existant) définit les performances énergétiques à respecter.
Cela passe notamment par la rénovation de 500 000 logements chaque année. Pour cela, les textes prévoient l’orientation des investissements et des aides de l’État vers des opérations plus performantes. Dans le cadre du plan de relance, 6,7 milliards d’euros sont alloués à l’amélioration des bâtiments sur le volet énergétique pour la période 2021-2022 :
- le résidentiel via le dispositif MaPrimeRénov : 2 milliards ;
- les bâtiments publics (enseignement, administration…) : 4 milliards ;
- l’habitat locatif social : 500 millions ;
- le tertiaire pour les TPE et PME : 200 millions.
Outre MaPrimeRénov, les ménages qui engagent des travaux d’économie d’énergie dans leur logement bénéficient de différentes aides financières accordées par l’État : les chèques énergie, les Certificats d’économies d’énergie (CEE), les CEE précarité énergétique (PE) pour les foyers modestes…
À travers l’Europe aussi, une vague de rénovation de 35 millions de bâtiments est en cours, avec une échéance fixée à 2030, pour en faire baisser les émissions de GES de 55 %, l’ambition étant de parvenir à la neutralité en 2050. Cette stratégie vise notamment à offrir une meilleure qualité de vie aux citoyens, à favoriser le réemploi et le recyclage des matériaux, ainsi qu’à doper l’économie. En effet, la rénovation énergétique des bâtiments devrait conduire à la création de 160 000 emplois verts dans le secteur de la construction dans l’UE.
Éradiquer les « passoires thermiques »pour lutter contre la précarité énergétique
La suppression des logements très énergivores constitue également une priorité, aussi bien pour Paris que pour Bruxelles. La France seule compte 4,8 millions de ces habitations portant une étiquette F ou G sur leur DPE (diagnostic de performance énergétique) en raison d’une consommation énergétique très élevée. Les passoires thermiques représentent en effet 17 % du parc immobilier tricolore.
Afin que tous soient rénovés d’ici 2028, plusieurs mesures ont été introduites :
- Les quelque 90 000 logements affichant une consommation énergétique annuelle supérieure à 450 kWh par mètre carré sur leur DPE seront interdits à la location à partir du 1er janvier 2023.
- La mise en location des logements classés G sera interdite à compter de 2025, suivis par ceux classés F dès 2028, et en 2034 pour les biens classés E.
- L’augmentation du loyer des passoires énergétiques avant leur mise en location ou le renouvellement du bail est conditionnée à la réalisation de travaux de rénovation énergétique.
- Depuis le début de l’année, un audit énergétique est obligatoire avant la cession de logements classés F et G. Ceux classés E seront également concernés en 2025.
- En plus du DPE pour tout l’immeuble, les copropriétaires sont tenus d’élaborer un plan pluriannuel de travaux (PPT) sur une décennie afin d’éviter les reports susceptibles d’entraîner la dégradation des bâtis existants.
La lutte contre les passoires doit également contribuer à préserver les Français de la précarité énergétique. Concrètement, ces ménages peinent à accéder à l’énergie nécessaire couvrant leurs besoins courants.
C’est le cas de ceux dont les dépenses énergétiques sont excessives par rapport à leurs revenus ou qui souffrent du froid dans leur logement en raison de l’inadéquation ou le dysfonctionnement des installations (isolation, chauffage). Selon l’ONPE, « 1,5 million de foyers dans le parc privé (26 % des locataires) et 1,54 million de ménages dans le social (36 % des locataires) sont en situation de précarité énergétique ».