La construction représente l’un des principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Elle produit en effet tous les trois ans une quantité de CO2 équivalente à celle émise par toutes les autres activités sur Terre au cours d’une année. Cependant, malgré son impact environnemental significatif, l’industrie du bâtiment est indispensable à notre vie quotidienne. Pour mieux comprendre l’impact carbone de ce secteur, voici quelques informations utiles.
Les composants du bilan carbone du secteur bâtiment
Concrètement, l’empreinte carbone d’un bâtiment représente la totalité des gaz à effet de serre ou GES (dioxyde de carbone ou CO2, méthane, hydrofluorocarbures…) générés tout au long de son cycle de vie en raison des multiples activités qui y sont liées. Ceux-ci peuvent être classés en deux grandes catégories :
- celles issues de la production des matériaux de construction, notamment le ciment, le béton armé et l’aluminium, qui se distinguent par une utilisation intensive ;
- celles provenant de l’énergie consommée sur le site, et pour leur transport, sans oublier le carburant utilisé sur les chantiers, le recyclage, etc.
Pour les calculer, l’ADEME met en avant trois types d’approches :
- « globale », reposant sur l’étude de la consommation énergétique ;
- « géographique », basée sur l’analyse des surfaces du bâti ;
- en détail en analysant les quantités respectives de matériaux mobilisés.
Il convient également de séparer :
- Les émissions directes associées aux installations fixes ou mobiles présentes à l’intérieur du périmètre organisationnel. Le tertiaire et résidentiel représentent ensemble 45 % de la consommation d’énergie nationale, ce qui les place en tête du classement sur ce critère.
- Les émissions indirectes, qui pèsent 30 mégatonnes de CO2e, soit environ 7 % des émissions globales de l’Hexagone, relatives à la production d’électricité, de chaleur ou de vapeur (entrant dans le périmètre « scope 2 ») et les autres émissions indirectes du bâtiment (intégrées dans le « scope 3 »).
La connaissance de l’impact carbone des différents matériaux de construction guide un choix plus vertueux pour l’environnement et favorise la décarbonation de la filière. Réaliser un calcul précis reste toutefois complexe, car à chaque étape du cycle de vie d’un matériau de construction ou de l’avancée du chantier, il faut identifier le type d’énergie utilisé, le volume de GES émis, et les écarts entre les différentes sources.
L’empreinte carbone du secteur bâtiment en chiffres
D’après les statistiques de l’Association pour le développement du bâtiment Bas Carbone (BBCA), chaque Français a un impact carbone annuel de 11,2 tCO2e, dont 25 % (près de 3 tonnes) sont attribués au secteur du bâtiment, derrière le transport de personnes (27,8 %), mais devant l’alimentation (23,2 %), le fret (11,6 %), les biens et les déchets (3,6 %).
Et selon l’ADEME, 70 % du parc est aujourd’hui responsable de 26 % des émissions totales de GES. Sur les segments résidentiel et tertiaire, les émissions de GES peuvent varier sensiblement en fonction des conditions climatiques, avec de nettes baisses lorsque les températures sont clémentes, et des hausses marquées dans les périodes de grand froid.
Sur les chantiers, le bilan carbone moyen au mètre carré se situe entre 850 kg et 1000 kg de CO2e, sachant qu’une construction neuve est plus polluante qu’une réhabilitation. Cette situation est la conséquence directe d’une dépendance toujours forte aux énergies fossiles pour tous les éléments clés du bâtiment : les fondations, les murs, la toiture (intérieur et extérieur), les ouvertures, les systèmes d’assainissement, ainsi que le second œuvre comme la menuiserie extérieure en bois…
L’enjeu de la sobriété énergétique des bâtiments
La lutte contre le réchauffement climatique, et plus précisément l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone que la France s’est fixé d’ici 2050, requiert de préserver nos ressources énergétiques. À ce titre, le pays doit accélérer sur la transition énergétique et l’ensemble des acteurs du secteur du BTP doit s’y engager pleinement.
Cela passe nécessairement par la rénovation du parc existant et par l’encouragement de la construction de logements neufs plus propres. La mise en place de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) s’inscrit dans cette politique :
- diminuer drastiquement la consommation en énergie des bâtiments ;
- basculer progressivement vers des constructions bas carbone en adoptant des techniques et des matériaux plus durables ;
- augmenter le confort à l’intérieur des habitations durant les épisodes caniculaires.
En parallèle, des solutions innovantes utilisant des ressources et matériaux écologiques (les « tiny houses en bois » ou les maisons-conteneurs entièrement vitrées) gagnent en popularité.
Des efforts notables ont ainsi été entrepris pour améliorer en permanence les performances environnementales du secteur du BTP. Néanmoins, la route vers la sobriété énergétique est encore longue.