Le bâtiment produit annuellement 46 millions de tonnes de déchets, dont seulement 67 % ont fait l’objet d’une valorisation en 2021. Pour augmenter cette proportion, certaines méthodes de gestion des déchets en vigueur nécessitent une refonte. La déconstruction sélective, dans le cadre de la REP PMCB, favorise une utilisation optimale des matériaux et une gestion plus efficiente des déchets.
La déconstruction sélective, une approche aux multiples atouts
Face à la pollution générée par le bâtiment, notamment en termes de quantité de déchets produits, les acteurs du secteur se mobilisent. Parmi les initiatives mises en œuvre figure la déconstruction sélective. Par rapport aux techniques classiques, ce nouveau mode de déconstruction consiste à trier les différents éléments sur place, afin de préserver leur intégrité au maximum, ou tout au moins accroitre les chances de réemploi ou de recyclage. La méthode requiert ainsi une préparation rigoureuse, suivie par une dépose méticuleuse. Cette approche est avantageuse à plus d’un titre.
- D’une part, dans un contexte de raréfaction et d’enchérissement des ressources naturelles, elle favorise une utilisation plus efficiente des matériaux en augmentant les quantités réutilisées ou réemployées sur le chantier ou ailleurs.
- D’autre part, elle contribue à la réduction des déchets enfouis dans les décharges, le coût de cette solution étant en constante hausse.
- Enfin, elle permet un tri plus précis de tous les éléments issus de l’opération, incluant ceux qui doivent être éliminés.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour parler d’une révolution, le mouvement gagne indéniablement du terrain. Pour les professionnels qui s’y sont déjà engagés, la déconstruction sélective devrait jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs de la filière REP (responsabilité élargie du producteur) dans le bâtiment.
Évolution des méthodes de collecte pour valoriser davantage de déchets
Pour rappel, la REP PMCB (produits et matériaux de construction du bâtiment) impose aux acteurs de la filière de prendre en charge la fin de vie des déchets générés par l’usage des produits et matériaux qu’ils ont mis sur le marché. Elle vise notamment à augmenter le volume de déchets non dangereux non inertes valorisés, qui restent minoritaires par rapport aux déchets inertes et aux métaux.
Dans cette optique, de nouvelles structures entrent en jeu, afin de « déshabiller » la structure porteuse du bâtiment en vue d’une démolition, d’une rénovation ou d’une réhabilitation. Concrètement, celles-ci interviennent généralement lors de la phase de curage, c’est-à-dire le retrait des éléments de second œuvre : agencements divers, coffrages, cloisons non porteuses, CVC, électricité, faux plafonds, faux planchers, matériaux isolants, menuiseries intérieures, plomberie, revêtements de sols, etc.
D’autres changements apparaissent en termes de logistique en raison de la déconstruction sélective et de la REP PMCB. Car afin de satisfaire à l’obligation de trier plus de flux de déchets et à multiplier les points de reprise, les modèles de collecte évoluent vers davantage de légèreté. Par exemple, les bennes ampliroll de 30 m3 habituelles sont remplacées par des contenants d’une capacité inférieure qui conviennent mieux au tri des déchets sur les chantiers et à un relèvement plus fréquent. De même, les petits camions à hayons se substituent aux camions ampliroll, tandis que les flottes de camions-grues se développent pour le relèvement des big bags. Pour les professionnels, le recours à ces différents équipements permet d’organiser une tournée pour une collecte mono-flux au lieu de passages ponctuels, avec à la clé des dépenses logistiques optimisées.