Afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la France a développé une stratégie nationale dédiée communément désignée par SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone). Celle-ci vise particulièrement trois secteurs considérés comme les plus polluants dans l’Hexagone : le transport, l’énergie et le bâtiment. Ces cibles doivent continuer à réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre.
La transition énergétique du bâtiment : un enjeu majeur de la SNBC
Les efforts à déployer sont d’autant plus importants pour la filière bâtiment, dont les émissions ont augmenté de 8 % entre 2014 et 2017. Cette contre-performance explique en grande partie l’échec de la France à respecter son budget carbone initial, établi pour la période 2015-2018.
En 2016, le secteur du bâtiment a produit environ 115 millions de tonnes d’équivalent CO2 (MtCO2e), soit 30 % des émissions totales du pays pour cette année-là. Si l’on considère uniquement la construction neuve (maisons, commerces, bureaux, etc.), les quantités rejetées représentent à peu près 30 millions de tonnes de CO2.
En d’autres termes, le bâtiment est encore responsable de 26 % des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d’énergie dans les bâtiments eux-mêmes (chauffage, éclairage, etc.) et à la production de cette énergie nécessaire à ces usages (électricité, gaz). On parle de « scope 1 » et « scope 2 ». S’y ajoute le « scope 3 », qui englobe les émissions liées à la fabrication des matériaux de construction (béton, acier, etc.) par les industriels.
La version de décembre 2018 du projet SNBC instaure des objectifs ambitieux pour 2050 pour le secteur du bâtiment : supprimer complètement les émissions de MtCO2e dans les scopes 1+2 (en excluant les fuites résiduelles de gaz).
Si aucun objectif défini n’est indiqué pour le scope 3, l’industrie, notamment l’industrie cimentière et sidérurgique, doit réduire de 81 % ses émissions entre 2015 et 2050. En d’autres termes, le bâtiment doit cesser de contribuer au réchauffement climatique.
Les leviers d’action pour un bâtiment décarboné
Dans ce but, la SNBC entend accélérer sensiblement le rythme de rénovation du parc immobilier français. Sa feuille de route prévoit ainsi de faire passer le nombre annuel de rénovations complètes et performantes de 250 000 à l’heure actuelle à 300 000 entre 2015 et 2030, pour grimper ensuite à 700 000 sur la période 2030-2050.
Les logements les plus énergivores, qualifiés de « passoires thermiques », seront traités en priorité. À terme, l’objectif est de parvenir à un niveau d’efficacité énergétique comparable à celui de la Réglementation Thermique 2012 sur l’ensemble du parc.
Celui-ci doit par conséquent suivre une trajectoire de décarbonation drastique : zéro émission nette en 2050, avec une étape intermédiaire de « 15 kgCO2e/m²/an » en 2030, équivalent au niveau Carbone 1 du Label E+C- en termes de performance énergétique.
Le chauffage étant responsable de 60 % des émissions directes et indirectes du bâtiment, sa décarbonation constitue un enjeu primordial. Dans le cadre des rénovations, la SNBC recommande de privilégier les énergies renouvelables pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire (pompes à chaleur, réseaux de chaleur, solaire thermique, géothermie), tout en visant la sortie du fioul d’ici une décennie. Parallèlement, la décarbonation totale des vecteurs électriques et gazeux est nécessaire à l’horizon 2050.
Un accompagnement indispensable des pouvoirs publics
Les initiatives en faveur de la neutralité carbone dans le domaine du bâtiment nécessitent un accompagnement fort de l’État. Les acteurs économiques malgré de nombreuses innovantes, sont en attente de mesures incitatives et de réglementaires claires, en adéquation avec les ambitions affichées en matière de minimisation des émissions de gaz à effet de serre.
Ces signaux politiques doivent répondre à trois problématiques majeures :
- le coût ;
- la montée en compétence des salariés sur les services bas carbone ;
- la mise sur le marché de solutions technologiques et de matériaux bas carbone, qui impliquent des efforts soutenus en matière de R&D ;
- l’élaboration d’outils réglementaires appropriés.
Dans un autre registre, afin de compenser les émissions résiduelles de ses activités économiques, la France compte sur le développement des puits de carbone. 65 % proviendront de la forêt et des produits dérivés du bois à long cycle de vie en 2050. Le secteur du bâtiment, en privilégiant l’utilisation de telles solutions, notamment dans les structures, peut contribuer à pérenniser la capture et le stockage de carbone, et faciliter ainsi la réalisation de l’objectif climatique national.
Voir également le PEMD pour la gestion des déchets de démolition permettant ainsi de répondre aux enjeux Environnementaux.