L’urgence de la rénovation énergétique des bâtiments face aux défis du changement climatique

La rénovation énergétique du parc immobilier est un enjeu majeur pour la France. Une transformation profonde du secteur du bâtiment s’impose pour répondre aux défis climatiques. Cette transition, source de nombreux défis, représente également une opportunité sur le plan non seulement environnemental, mais également économique et social.

Un parc immobilier énergivore menace l’atteinte des objectifs français de neutralité carbone

Les chiffres sont sans appel : 5 millions de logements français sont considérés comme des « passoires énergétiques ». Cette situation pose un défi majeur en termes de consommation énergétique et d’émissions de gaz à effet de serre. Outre l’urgence liée à cette catégorie de biens, le secteur du bâtiment dans son ensemble doit accélérer sa transition, sachant qu’il s’agit du troisième plus gros émetteur de CO2 en France.

Pour rappel, l’atteinte des objectifs climatiques du pays impose la limitation de la consommation annuelle de toute construction datant de 2015 ou après à 50 kWh par mètre carré. Ce seuil fixé par le Code de l’énergie correspond aux caractéristiques des bâtiments basse consommation (BBC), un label introduit en 2006 et reconnu par l’État depuis 2009.

Or, pour l’heure, la moyenne est à 180 kWh par an. Si des progrès sont observés par rapport aux 200 kWh consommés en 2003-2004 par le parc français, le rythme est insuffisant. Considérant l’approche des échéances, ces professionnels jugent désormais indispensable de passer d’une logique de « rénovation énergétique par petits bouts » à une isolation globale d’immeubles entiers.

Seule cette approche permettra d’optimiser l’utilisation des financements publics dédiés à ce type d’opération. Cependant, ils se heurtent sur ce point aux artisans du bâtiment, fabricants de chaudières ou de fenêtres, qui plaident pour le maintien des aides ciblées, « geste par geste ».

Une refonte indispensable des pratiques professionnelles

Face à ce retard, les pratiques professionnelles doivent se transformer en profondeur. Les acteurs du bâtiment doivent trouver un équilibre entre la nécessité de rester efficaces et compétitifs, tout en répondant aux nouvelles contraintes liées à une démographie croissante, à des attentes qui évoluent, et des conditions climatiques défavorables.

Celles-ci sont nombreuses et variées :

  • garantir le confort thermique des bâtiments en toute saison ;
  • protéger des infrastructures et des personnes contre les intempéries, de plus en plus violentes alors que les catastrophes naturelles (tempêtes, inondations, sécheresses…) se multiplient ;
  • maîtriser les énergies renouvelables ;
  • privilégier l’utilisation de matériaux biosourcés ;
  • concevoir des bâtiments plus vertueux, etc.

Avec 36 millions de logements au total, la mise en oeuvre de la rénovation énergétique est un chantier colossal. Néanmoins, les experts identifient de nombreuses opportunités liées à cette mise en œuvre. En effet, elle est source de création d’emplois, favorise le développement de nouvelles compétences, et stimule l’économie locale. De plus, elle contribue à réduire la dépendance énergétique de la France et à améliorer le confort de vie des occupants.

Cependant, une mise aux normes à grande échelle se heurte encore à plusieurs obstacles. Le financement des travaux, la coordination des différents acteurs (maîtres d’ouvrage, entreprises, artisans), la complexité des réglementations et la nécessité de diagnostics de performance énérgétiques efficients et de former les professionnels représentent autant de défis à relever.

Une transition énergétique qui requiert la participation de tous

La transition énergétique ne concerne pas uniquement les professionnels, elle requiert l’implication de tous. Le salon Batimat, dont la dernière édition s’est tenue à l’automne 2024 à Paris, a été l’occasion pour les exposants d’attirer l’attention du public sur la gravité de la situation.

Parmi les animations présentes lors de cette rencontre annuelle du secteur, la cabine-étuve mise en place par l’institut de recherche « Human Adaptation » a marqué les esprits. Les visiteurs ont été invités à pratiquer différentes activités dans un espace chauffé à 50°C. L’objectif : découvrir les conditions de vie sous les températures de plus en plus élevées, et évaluer sa capacité d’adaptation. Cette expérience immersive visait à souligner l’importance d’anticiper les impacts du réchauffement climatique sur notre quotidien.

Les efforts de chacun, par le biais des gestes de sobriété au quotidien, et la participation active aux initiatives de plus grande ampleur, peuvent contribuer à faire la différence face aux enjeux climatiques.