Les épisodes de fortes chaleurs ne sont plus une exception. Ils s’installent, durent plus longtemps et touchent des régions jusque-là relativement épargnées. Face à cette réalité, adapter les bâtiments devient incontournable et un diagnostic de performance énergétique nécessaire. Le Cerema a développé une méthode tout comme d’autres professionnels pour diagnostiquer le confort estival dans les constructions existantes, repérer les points faibles et proposer des solutions concrètes. Cette technique a par exemple été récemment appliquée à l’Institut national de formation du personnel du ministère de l’Agriculture, à Corbas, près de Lyon, pour l’aider à mieux affronter les vagues de chaleur.
Un état des lieux précis pour comprendre la situation
Le site de l’INFOMA date des années 1980 et compte sept bâtiments aux fonctions variées : bureaux, salles de formation, espaces logistiques. Avec le temps, travailler dans certains locaux est devenu difficilement supportable en été, poussant les responsables de l’institut à solliciter des experts pour le guider dans les rénovations nécessaires.
Le Cerema a donc commencé par analyser l’ensemble du site à travers trois angles : la technique, l’économie et l’usage. Des visites, des échanges avec les occupants et l’étude de documents comme les plans ou les relevés de consommation ont permis de dresser un portrait clair des bâtiments. Chaque aspect a été noté sur une échelle de 1 à 4, afin de cibler précisément les priorités d’action.
Mesurer l’inconfort thermique pour mieux cibler les interventions
Avec l’augmentation du nombre de jours anormalement chauds, le confort à l’intérieur des bâtiments devient un enjeu national, y compris dans les régions jusque-là moins concernées. Dans le cas de l’INFOMA, plusieurs usagers ont signalé un inconfort important.
Le Cerema a déployé une série d’outils de mesure, dont le dispositif Themis, conçu pour suivre en temps réel la température, l’humidité et le taux de CO₂ dans 30 pièces. Les données météorologiques locales ont été intégrées pour affiner l’analyse. Des relevés d’ensoleillement ont également permis de visualiser l’exposition des façades. Les résultats confirment des températures moyennes estivales avoisinant 28°C, avec des pics plus marqués dans les parties orientés au sud.
Simuler différents scénarios pour identifier les solutions les plus efficaces
Pour aller plus loin, le Cerema a réalisé une simulation thermique dynamique sur trois bâtiments. Cette modélisation a intégré des données techniques, des prévisions climatiques à l’horizon 2050 et plusieurs scénarios d’adaptation, l’objectif étant de voir comment différents aménagements pourraient réduire l’inconfort ressenti.
Parmi les pistes étudiées figurent la végétalisation des abords, l’installation de films solaires, l’ajout de brasseurs d’air, le renforcement de l’isolationn des batiments, la surventilation nocturne ou encore l’adaptation des horaires de travail. Les résultats montrent que commencer la journée deux heures plus tôt, combiné à l’usage de brasseurs d’air, permettrait de diviser par deux les besoins de refroidissement. La végétalisation, elle, protège efficacement les façades des rayons ardents.
Miser sur la technique et les bons gestes pour un meilleur confort
Au-delà des équipements physiques, les comportements des occupants jouent un rôle important. Des gestes simples comme l’aération pour la qualité de l’air ou la limitation de l’usage de la climatisation contribuent à réduire l’inconfort. Le constat est clair : aucune mesure seule ne suffit. C’est en combinant plusieurs solutions, techniques et pratiques, que l’on obtient les meilleurs résultats. Le Cerema recommande également de continuer à entretenir et moderniser les bâtiments, surtout les plus utilisés, tout en intégrant les dispositifs du décret Éco Énergie Tertiaire.