Préalablement à la déconstruction d’un bâtiment, le maître d’ouvrage doit procéder à une évaluation précise des déchets en vue de leur revalorisation. Cette démarche vise à atteindre d’ici à 2020 l’objectif de 70 % des déchets de construction et de démolition recyclés ou réutilisés fixé par la loi de transition énergétique.
L’importance d’un diagnostic déchets, préalable à la démolition
L’unique texte réglementaire existant en matière de gestion et de traitement des déchets résultant de la déconstruction porte sur le diagnostic déchets. Mais celui-ci n’est imposé que dans le cas de bâtiments d’une surface supérieure à 1 000 m² ou ayant accueilli une activité polluante, qu’elle ait été de nature industrielle, commerciale ou agricole. Les opérations de moindre envergure, ainsi que les réhabilitations lourdes, ne sont donc pas encadrées.
Dans ce contexte, l’Ademe a soutenu un projet de création d’un guide visant à aider les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre à formaliser leurs exigences en matière de gestion des déchets de démolition dans les CCTP et les contrats-cadres de marchés de travaux.
En effet, même pour des projets de petite taille, il est indispensable de connaître la nature des éléments valorisables et leur quantité, et de repérer les centres de prise en charge existant sur le territoire. Sans ce travail en amont, le risque pour l’entreprise est de se retrouver confrontée à des problèmes d’organisation de chantier, de contraintes d’emprise au sol, ou de constater trop tard l’absence de filières.
Il est ainsi recommandé de prévoir un délai compris entre six mois et un an pour sélectionner le prestataire, lui permettre d’effectuer son diagnostic et d’établir son rapport, et sur cette base, de rédiger le dossier de consultation des entreprises de démolition.
Le manque de qualification des diagnostiqueurs
La réalisation d’un diagnostic déchet avant démolition est une tâche complexe qui exige de posséder des compétences techniques spécifiques qui manquent sur le marché actuel. Le législateur encourage ainsi la création d’un guide du Diagnostics immobiliers détaillant le référentiel de base et incluant différents outils pour prévenir les erreurs d’estimation. Figurent également au programme : la standardisation de certains calculs ; le recours aux outils numériques pour garantir l’exactitude des conversions ; la mise en place d’audits simplifiés pour les petits chantiers qui n’entrent pas dans le champ de la réglementation.
Pour le maître d’ouvrage désireux de privilégier le réemploi, un niveau de compétence supérieure est requis pour un diagnostic des ressources, c’est-à-dire l’identification des matériaux ayant une valeur intrinsèque.
Impact sur la méthodologie de déconstruction
Afin d’éviter le mélange des produits et la diminution de leur potentiel de valorisation, la manière d’opérer sur le chantier change complètement. Au lieu du « tout-à-la-benne », le tri se fait par niveau et par matériau. La première étape concerne les matériaux de second œuvre par type d’éléments : portes, sanitaires, parois en verre, faux-plafonds, cloisons, moquettes, etc. La démolition des éléments de structure suit ce curage.Les produits assemblés par collage en multicouche ou recouverts d’enduit ou de peinture sont expédiés au centre d’enfouissement pour déchets ultimes.
Les travaux de dépose se font par phases en fonction des types de déchets à trier. Les outils utilisés sont adaptés au type de valorisation : arrachage manuel ou au moyen de petits outils, engins de manutention légers, engins mécaniques. Dans le cadre d’un projet d’économie circulaire, une dépose obligatoirement manuelle précède un conditionnement minutieux visant à préserver l’intégrité des matériaux en attendant le réemploi sur site, la revente ou le transfert vers un autre endroit.
Des progrès notables
Les maîtres d’ouvrage semblent de plus en plus sensibles à la problématique de valorisation des déchets. En témoigne le nombre croissant de chantiers de déconstruction où le curage sélectif permet parfois d’atteindre, voire dépasser un taux de valorisation de 80 %.
En revanche, les projets visant le réemploi sur place restent minoritaires à cause d’un coût plus élevé lié aux conditions de dépose et de stockage, plus contraignantes que dans le cas d’un recyclage. Malgré ce retard, les demandes augmentent dans les appels d’offres pour la réutilisation de certains éléments (portes, poignées…) ou de parties d’ouvrage (cloisons, façades…).
Au-delà de la déconstruction, c’est la conception des bâtiments qui doit évoluer pour encourager les professionnels à donner une seconde vie aux matériaux et contribuer à l’essor de l’économie circulaire.