Qualité de l’air intérieur des logements : des progrès notables, mais la pollution persiste

La qualité de l’air constitue un enjeu de santé publique majeur en France métropolitaine. Sur une quinzaine d’années, des réglementations plus strictes et à une meilleure prise de conscience des risques sanitaires ont permis une nette amélioration. Néanmoins, cette évolution ne doit pas faire oublier la persistance de situations préoccupantes dans certains logements.

Un suivi encore insuffisant face à l’importance des enjeux sanitaires

De nombreux polluants présents dans l’air extérieur font déjà l’objet d’un contrôle permanent et rigoureux, à l’inverse de celui que l’on respire dans les bâtiments, notamment les habitations. Tel est la principale conclusion d’une enquête nationale menée entre novembre 2020 et février 2023 par l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs.

Cette entité placée sous l’égide du Centre scientifique et technique du bâtiment et l’Anses a ainsi effectué des mesures de la QAI dans quelque 571 maisons et appartements, répartis dans 321 communes tricolores. L’évaluation s’appuie sur plusieurs facteurs : la composition du foyer, les caractéristiques du logement et les habitudes de ses occupants, ainsi que le confort perçu par ces derniers. Les résultats ont ensuite été extrapolés pour tirer des statistiques portant sur les 30 millions de résidences principales recensées à travers l’Hexagone.

Des progrès significatifs grâce aux évolutions réglementaires et aux bonnes pratiques

Les résultats révèlent une baisse générale des concentrations de composés organiques volatils (COV) et semi-volatils (COSV), et de certains gaz nocifs. Le taux de diminution est même supérieur à 80 % pour les COV chlorés, solvants ou désinfectants courants dans les produits à usage domestique ou industriel.

Les progrès sont plus modestes pour les particules fines PM2,5 et le benzène, qui affichent des diminutions respectives de 33 % et 47 %. Ces types de polluants sont issus de la circulation routière, des activités de combustion, et pour le premier, du tabagisme. Les avancées sont également moins marquées en ce qui concerne le formaldéhyde (-28 %), souvent émis par les produits à base de bois.

Véritable défi pour l’amélioration de la QAI, ces évolutions sont le fruit de l’interdiction de substances dangereuses dans les matériaux de construction, le durcissement de leurs règles d’étiquetage, la meilleure maîtrise des émissions extérieures de polluants, et les campagnes anti-tabac.

Un impératif : intensifier la prévention et la lutte contre les polluants domestiques

Pour autant, les concentrations de certains composants de l’air intérieur dépassent encore largement les valeurs de référence fixées pour protéger la santé humaine.

  • Plus de 70 % du parc résidentiel présentent ainsi un taux élevé de particules fines. De même, 8 % des logements contiennent du radon, gaz radioactif d’origine naturelle.
  • Dans une moindre mesure, le formaldéhyde, le dioxyde d’azote et le benzène restent préoccupants avec des teneurs estimées à 6 %, 3 % et 1,4 % respectivement.
  • Enfin, le trichloroéthylène ou le benzo(a)pyrène, substances redoutées pour leur potentiel cancérogène, affichent une concentration de 0,05 %.

En conséquence, malgré une amélioration appréciable, l’Observatoire insiste sur la nécessité de maintenir une vigilance constante et de renforcer les actions de prévention. Un contrôle plus strict des émissions, des diagnostics QAI, une meilleure ventilation des espaces de vie et une réduction de l’usage de produits chimiques à risque constituent des leviers prioritaires.