Comparé à d’autres produits et services, le bâtiment a une longévité qui dépasse le siècle. Cependant, pour continuer à jouer son rôle socioéconomique clé, ce secteur d’avenir doit relever de nombreux défis de long terme. Outre les impératifs environnementaux, il doit répondre à des problématiques sociétales comme le maintien à domicile des seniors, la maîtrise des coûts, mais aussi l’usage des nouvelles technologies.
Trois « chocs » majeurs qui remodèlent le secteur du bâtiment
Des challenges nombreux et variés vont influencer la filière bâtiment au cours des prochaines décennies, voire au-delà. Elle doit notamment faire face à trois changements majeurs, que les experts décrivent comme de véritables « chocs ».
- En premier lieu, la quête d’une meilleure productivité, tout en préservant la qualité et les coûts, impose une transformation des méthodes de travail. Exit, les approches traditionnelles, place à une démarche collaborative et à l’essor des travaux « hors site » pour répondre à cet impératif.
- Vient ensuite la nécessité de la décabornation, le Bâtiment devant se plier aux exigences de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Si la rénovation énergétique du parc immobilier existant constitue une étape clé, il est indispensable de réduire drastiquement les émissions de carbone dès la phase de construction, d’augmenter la durée de vie des bâtiments, d’optimiser leur usage et de développer l’économie circulaire.
- Enfin, de plus en plus, la conception d’un édifice est centrée sur l’utilisateur. La perception du bâtiment se transforme, passant d’un objet statique défini par ses attributs physiques à un objet dynamique capable de répondre aux besoins des occupants.
Cette transformation fait apparaitre le concept du « Bâtiment comme un service » et de la « Révolution des usages » aux caractéristiques et fonctions innovantes :
- responsable, pour permettre des modes de vie durables ;
- confortable, pour préserver le bien-être des occupants, même en cas de températures extrêmes ;
- producteur d’énergie locale, en complément de la production centralisée ;
- créateur de biodiversité ;
- intelligent, voire « augmenté » grâce aux outils digitaux et à l’IA ;
- autonome et plus résilient ;
- protecteur de la santé des usagers.
La technologie et la formation en réponse aux nouveaux enjeux
Ces chocs et défis impactent le marché sur divers aspects : les valeurs immobilières, l’offre et la demande. En conséquence, ils contraignent le bâtiment à se réinventer. Un autre aspect sera déterminant pour son avenir : sa capacité à exploiter les avancées scientifiques et techniques, en particulier dans le domaine du numérique et de l’intelligence artificielle (IA) et à les appliquer à ses pratiques et ses offres.
C’est notamment le cas du Building Information Modeling (BIM), qui va industrialiser le secteur. En effet, cette maquette numérique 3D constitue une source précieuse d’informations, et favorise une communication fluide et transparente, et par extension, une collaboration accrue entre les différents acteurs du projet, architectes, ingénieurs, entrepreneurs, gestionnaires de chantier et exploitants.
Elle permet la standardisation des processus de conception, de construction et d’exploitation. Cela se traduit par des gains de productivité, une meilleure qualité et une réduction des délais de livraison. Le BIM ouvre donc la voie à de nouveaux services et usages pour les bâtiments, tels que la simulation de scénarios d’occupation, la gestion optimisée de l’énergie et la maintenance prédictive.
L’explosion des nouveaux outils et des innovations accélère et accentue également la révolution dans les métiers. La montée en compétence devient ainsi incontournable, avec des besoins accrus en formation initiale et continue. Or, les programmes existants doivent être mis à jour avec les nouveautés dans le domaine.