Aujourd’hui, le secteur du BTP est le principal producteur de déchets en France, avec 231 millions de tonnes, soit 70 % du total. À lui seul, le bâtiment en génère 46 millions de tonnes chaque année. Et il n’est plus question d’enfouir les rebuts des chantiers de déconstruction sous terre, ou de les déposer dans des décharges. Le réemploi est fortement encouragé dans le cadre du développement de l’économie circulaire.
Le réemploi des matériaux, un sujet central pour le bâtiment
La cherté des matières premières et du transport pèse sur les acteurs du bâtiment. Comme dans de nombreux secteurs où la seconde main s’impose comme la nouvelle tendance incontournable, le BTP doit accélérer sur le recyclage et le réemploi afin de réduire son empreinte environnementale.
La multiplication des réglementations relatives à la transition écologique montre l’importance croissante du sujet pour les autorités. Les textes nationaux comme la Réglementation environnementale 2020 (RE 2020), la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), ou encore le Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) s’ajoutent à des lois à portée internationale comme la directive européenne relative aux déchets.
Désormais, les matériaux issus de la démolition sont considérés comme des ressources précieuses qui résolvent partiellement les problèmes d’approvisionnement rencontrés ces dernières années.
- D’une part, leur réemploi est moins onéreux que l’enlèvement, le transport et le traitement des déchets. Les économies ainsi réalisées compensent des marges fortement rognées.
- D’autre part, il n’est pas rare que certains éléments retirés aient une valeur historique ou esthétique qui les rend difficiles à remplacer.
La nécessité d’une transformation en profondeur du secteur
Pour des petits projets comme pour des chantiers d’envergure, les maîtres d’ouvrage s’ouvrent de plus en plus à la réutilisation de certains matériaux, conscients que cette stratégie n’est pas opposée aux impératifs de performance et de sécurité. Cela se traduit par la réalisation systématique d’un diagnostic ressources pour tout nouveau projet de construction, de rénovation ou de démolition. L’objectif est d’identifier et de quantifier les éléments potentiellement réutilisables et ceux recyclables.
Face à ces enjeux, une transformation en profondeur du secteur du bâtiment est nécessaire, avec l’implication de toutes les parties concernées.
Le réemploi implique entre autres le développement de nouvelles compétences via des formations dédiées. D’ailleurs, tous ces changements favoriseront très probablement l’émergence de services et métiers.
Plus largement, le développement de toute une filière est également indispensable, tout en renforçant la traçabilité des produits. Tel est déjà l’objectif de l’instauration de la nouvelle filière Responsabilité élargie des producteurs (REP) pour les produits et les matériaux de construction du bâtiment depuis le 1er janvier 2023. En parallèle, des éco-organismes (structures collectives chargées de la gestion des déchets issus des produits en fin de vie) sont créés.
Enfin, des évolutions réglementaires supplémentaires sont à attendre. C’est uniquement au déploiement d’un écosystème complet dans les territoires que le réemploi pourra être pratiqué à grande échelle et devenir un véritable levier de réduction des coûts et de compétitivité.