L’atteinte des objectifs ambitieux fixés dans le cadre des Accords de Paris sur le Climat passe obligatoirement par la rénovation des bâtiments. Et selon la société américaine , spécialiste du conseil en immobilier d’entreprise, le rythme de ces rénovations doit être triplé. Dans son étude intitulée « Rénover les bâtiments pour faire face au changement », elle préconise des solutions concrètes pour l’accélération de la décarbonation du bâti.
Priorité à la transformation durable du parc existant
En vue de la réalisation des objectifs de décarbonation de l’Accord de Paris sur le climat d’ici 2050 pour une grande partie du parc, la transformation des espaces existants est incontournable. Or, d’après l’analyse si le taux annuel de rénovation actuel (1 % du stock) est maintenu, il sera impossible d’arriver à la neutralité carbone avant la fin du siècle.
Afin de respecter les engagements pris dans le cadre des Accords de Paris, il est impératif de tripler le rythme de rénovation, à 3 % des bâtiments existants par an. D’après les estimations, le budget nécessaire pour le seul secteur des bureaux à l’échelle mondiale s’élève à 3 000 milliards de dollars.
Les spécialistes ont déjà identifié les actions prioritaires à mettre en œuvre :
- optimiser l’efficacité opérationnelle des bâtiments ;
- basculer vers les systèmes de chauffage électriques ;
- accroitre le recours aux sources d’énergie renouvelable de production locale.
La décarbonation, un levier de création de valeur pour les pionniers
La faiblesse des taux de rénovation observés ces dernières années est attribuée à plusieurs facteurs :
- l’hétérogénéité de la réglementation en matière de bâtiments zéro émission ;
- la conjoncture économique incertaine ;
- la flambée des coûts ;
- l’insuffisance de main-d’œuvre, aux différents niveaux de qualification.
La conjugaison de ces facteurs explique la frilosité des acteurs de l’immobilier à engager des rénovations lourdes et onéreuses.
Pourtant, les experts redoutent que cet attentisme entraîne la dévalorisation des biens, insistant sur le fait que « la décarbonation est au contraire un levier essentiel de création de valeur ». Ils recommandent ainsi, pour créer une valeur durable, de ne pas rester focalisé sur la dépense, mais de tenir compte de la « comptabilité carbone », qui comprend aussi bien le carbone opérationnel que le carbone incorporé.
les initiatives Net Zero Carbon impactent de manière directe et significative les résultats nets d’un bâtiment. En revanche, l’absence de décarbonation est synonyme de risque financier élevé. En effet, 74 % des entreprises interrogées se disent disposées à louer un bâtiment plus durable, plus cher, et 22 % d’entre elles affirment avoir déjà accepté un loyer plus élevé répondant à ce critère. Les pionniers de la rénovation ont donc tout à gagner dans un contexte de pénurie de bâtiments bas carbone.
Une démarche qui requiert l’implication de toutes les parties
Afin de maximiser l’efficacité des rénovations, les locataires doivent également être sensibilisés à la valeur que peut avoir leur investissement dans la durée. Car au travers de leurs pratiques et usages des immeubles, les occupants peuvent faire pencher la balance en faveur d’une atteinte plus rapide des objectifs environnementaux.
Les experts réfléchissent ainsi à la création de nouveaux modèles économiques. Reposant le co-investissement entre propriétaires et locataires visant la résilience climatique et tenant compte de l’évolution des dynamiques du lieu de travail. Et ils ne sont pas les seuls à devoir collaborer pour accélérer la transition vers une économie bas carbone. Les équipes d’exploitation et de gestion de bâtiments, le personnel travaillant sur le site, les collectivités locales et même les acteurs publics ont également un rôle clé à jouer.